Art Spiegelman - Maus
Pour le coup, ce roman graphique de Art Spiegelman, “Maus”, est à classer sur l’étagère des “bd cultes”. Et si vous êtes en rade d'idées cadeau, bim, “Maus”. Bon par contre, pour caler une étagère je déconseille, ce serait gâcher.
Trève de plaisanterie, car l’histoire du roman ne s’y prête pas en fait. La première partie, “Mon père saigne l'histoire”, sort en 1986. La seconde, “Et c'est là que mes ennuis ont commencé”, paraît en 1991. En 1992, l'œuvre est couronnée par un prix Pulitzer spécial, et c’est une première. Pour être précis, Art Spiegelman la publie sur son propre magazine, RAW, sous forme de feuilleton de 1980 à 1991.
Le roman est riche de 292 planches et près de 1500 cases, en noir et blanc. Deux narrations, à deux époques distinctes, et pour raconter deux histoires différentes. L’une, en 1978/1979 où Art interviewe son père, Vladek. La seconde, racontée par Vladek, qui parle de son enfance en Pologne entre 1930 et la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Se confiant à son fils, son histoire personnelle va ainsi guider le récit. De la chasse aux juifs en Pologne à leur émigration aux États-Unis aux débuts des années 1950, il évoque également le suicide de sa mère. Il dédie d’ailleurs le livre à son frère Richieu, tué par sa tante pour échapper aux nazis liquidant le ghetto de Zawiercie.
“Maus” mélange plusieurs styles, oscillant entre biographie, autobiographie, mémoires et témoignage historique, voire récit de fiction. L’univers graphique est fortement contrasté, et transposé dans le monde animalier : les cochons sont polonais, les chats sont nazis et les souris juives. Ce zoomorphisme va d’ailleurs retarder la parution de Maus en Pologne. Depuis sa parution, le roman connaît un succès qui ne se dément pas, au point d’être un sujet d'étude à l’école, en Allemagne notamment.
Lorsque Art Spiegelman publie le premier Maus, celui-ci bénéficie déjà de l’estime de ses pairs. Le succès inattendu contribuera à la popularisation du roman graphique, avec Watchmen et The Dark Knight.