Chronique

Betbeder & Bec - Anna

Publié le 21 février 2024

Parlons aujourd'hui du roman graphique “Anna”, sorti chez “La boîte à bulles” il y a une vingtaine d'années. On retrouve Stéphane Betbeder au scénario, et Christophe Bec au dessin. On s'intéressera donc à la réédition plus récente, en grand format et toujours chez “La boîte à bulles”, sortie en 2021.

L'histoire se déroule dans le milieu de l'art, que ce soit des artistes en général ou des expositions et des galeristes et curateurs. Les personnages principaux forment un groupe d'amis, ou plutôt de personnes ayant des intérêts communs. Ils doivent exposer leurs œuvres dans une exposition qu'organise Oscar. Personnage à la fois charismatique tout autant que malsain, il est l'élément central du roman. Lui, et Anna, sa voisine avec qui il a eu une liaison (artistique). Liaison qui va laisser des traces, que ce soit dans la vie d'Anna, d'Oscar ou de son groupe. Car Anna a une tendance autodestructrice, et sado masochiste. Tout comme Oscar d'ailleurs et une bonne partie de ses collègues.
J'ai personnellement aimé la narration, mais celle-ci peut rebuter le lecteur du fait d'un environnement malsain, qui adopte un regard sans complaisance, tout en description. Une absence de complaisance qui pourrait passer pour du voyeurisme.

Betbeder & Bec - Anna
Betbeder & Bec - Anna

Mais l'attrait de ce one-shot réside plutôt dans le traitement graphique utilisé par Christophe Bec pour arriver au résultat final. En effet, toutes les scènes ont été tournées et enregistrées en vidéo, avant d'être redessinées en plan fixes. Avec des grands aplats de noirs, des cases sombres dont il est parfois difficile de bien se rendre compte de l'action, l'effet est saisissant et colle tout à fait à l'ambiance poisseuse du texte. La retranscription en dessin et le découpage ont pour effet de donner un graphisme de roman photo dessiné plutôt sophistiqué. De cette manière, Christophe Bec amène un dessin qui retranscrit parfaitement l'ambiance voulue par Stéphane Betbeder. Statique, froid, parfois difficile à lire ou à comprendre, il est à l'image du scénario : malaisant.