Chronique

Maran Hrachyan - Une nuit avec toi

Publié le 27 mars 2024 par Seb

On s'offre un cours de rattrapage avec la bande dessinée de Maran Hrachyan, “Une nuit avec toi”. Sorti en septembre dernier chez Glénat, c'est le récit d'une nuit mémorable dans la vie de Brune.

Brune, une jeune parisienne, attire souvent l'attention des hommes lorsqu'elle se promène. Un soir, alors qu'elle rentre d'une soirée, un ami lui propose de la raccompagner en voiture, ce qu'elle accepte. Cependant, lorsque son ami devient insistant, Brune se retrouve prise au dépourvu, acculée et sans savoir comment réagir. Cette situation compromettante marque le début d'une longue nuit d'angoisse pour elle. Paniquée, elle se retrouve avec un cadavre sur les bras et se lance dans une course nocturne pour dissimuler le corps, se retrouvant ainsi piégée dans un enchevêtrement macabre. Ce récit captivant et engageant est ponctué de retournements de situation aussi surprenants qu'improbables.

Et l'une des grandes forces de cette bande dessinée est le style visuel. La narration visuelle d'une œuvre est superbe, avec son agencement aéré et économique, avec sept dessins pleine page et une double page. L'artiste utilise des cases rectangulaires pour représenter différentes actions, gestes, regards ou paysages, variant leur nombre en fonction de leur importance. Les dessins, réalisés au crayon et coloriés numériquement, mettent en scène des personnages ordinaires avec des expressions souvent énigmatiques, en particulier celle de Brune, la protagoniste. La narration visuelle crée une montée d'inquiétude chez le lecteur, qui s'interroge sur l'interprétation des détails et des interactions sociales.

Maran Hrachyan - Une nuit avec toi (Glénat)
Maran Hrachyan - Une nuit avec toi (Glénat)

Brune, calme et réservée, est confrontée aux avances non désirées d'Alex et d'un autre homme, soulignant les ambiguïtés des relations interpersonnelles. Une émission de télévision sensationnaliste sur des meurtres féminins ajoute à cette ambiguïté, incitant le lecteur à réfléchir sur les responsabilités individuelles et la perception des genres.

L'autrice exploite ces ambiguïtés à travers une narration visuelle captivante, poussant le lecteur à remettre en question ses propres interprétations. Bien que Brune soit perçue comme une potentielle victime, les faits présentés ne le confirment pas. La conclusion de l'œuvre clarifie les responsabilités des personnages, dissipant ainsi les doutes quant aux comportements d'Alex, de Pacôme et de Brune.