Joseph Gillain, dit Jijé
Joseph Gillain, plus connu sous le pseudonyme de Jijé, voit le jour le 13 janvier 1914 à Gedinne, dans la province de Namur. Issu d'une famille catholique, il évolue dans un environnement où la vocation religieuse est présente, avec deux de ses frères et deux de ses sœurs ayant embrassé la vie ecclésiastique. Son père, Eugène Gillain, exerce le métier de contrôleur des contributions et est un acteur actif dans la vie littéraire wallonne en tant que cofondateur de la revue Les Cahiers wallons.
Après des études dans l'enseignement libre, Joseph rejoint à quatorze ans l'école de métiers d'art de l'abbaye de Maredsous, où il se spécialise dans l'orfèvrerie et suit des cours d'arts décoratifs, de gravure, de modelage et de dessin. Sa formation artistique se poursuit à l'université du Travail de Charleroi, sous la tutelle du peintre néo-impressionniste Léon Van den Houten. En parallèle, il fréquente l'Institut Supérieur des arts décoratifs de La Cambre et l'Académie des beaux-arts de Bruxelles.
Jijé se distingue par ses talents de gravure sur bois et son engagement dans l'art sacré. En 1935, il débute sa carrière artistique en tant qu'illustrateur pour Le Croisé à Namur, et cette même année, il signe ses premières bandes dessinées sous le nom de Jojo. Son association avec les éditions Dupuis débute en 1937, marquant le début d'une collaboration fructueuse jusqu'à sa mort.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jijé reprend le personnage de Spirou en l'absence de son créateur, Rob-Vel, prisonnier de guerre. Après le conflit, il devient l'une des figures phares des éditions Dupuis, soutenant de jeunes dessinateurs dans sa maison de Waterloo. En 1948, craignant une nouvelle guerre mondiale, il émigre aux États-Unis avec sa famille et deux de ses élèves, Franquin et Morris. Leur périple à travers l'Amérique est relaté dans l'album Gringos locos publié en 2012.
De retour en Europe, Jijé s'installe successivement à Cassis, Juan-les-Pins, puis à Draveil, où il restaure une vieille orangerie et ou il vivra la majeure partie de son temps. Il meurt le 19 juin 1980 à Versailles. Durant sa carrière, il influence plusieurs générations d'artistes, notamment en introduisant René Goscinny à Morris, qui devient le scénariste de Lucky Luke. L'héritage de Jijé perdure à travers son travail et sa contribution au monde de la bande dessinée.